1. Le Negro Spiritual
  2. Le travail des esclaves dans les champs de coton
  3. La religion et l’esclavagisme
  4. Témoignages d’esclaves noirs sur leur travail et leurs conditions de vie
  5. Des moments de joies et de paix racontés par des esclaves
  6. Témoignages d’esclaves noirs sur leurs souffrances
  7. L’esclave cimarrón ou marron : un acte de résistance parmi d’autres
  8. Nantes et le commerce triangulaire
  9. L’esclavagisme aux États-Unis
  10. Bibliographie
  11. Webographie

Pour écrire ces quelques paragraphes qui ne peuvent résumer tant de vies et d’émotions, nous avons consulté des ouvrages et des sites dont vous trouverez les références en fin de page mais également tout au long des textes. Crédit Photos : Mathias Desmars.

1- Le Negro Spiritual

Le Negro Spiritual est un genre musical né des communautés d’esclaves noirs aux États-Unis, principalement au cours du 18e et du 19e siècles. Nourrit par des traditions africaines, il émerge sous l’influence du christianisme introduit par les colons européens. Les esclaves, convertis au christianisme, ont intégré des récits bibliques à leur propre expérience de la servitude, exprimant à travers ces chants leurs souffrances, leur foi, et leur espoir de libération.

Les Negro Spirituals s’inspirent des souffrances vécues, des espoirs et de thèmes religieux, comme la délivrance, la justice divine, et l’Exode, qui résonnaient fortement avec la condition des esclaves. Ils étaient souvent chantés à capella, avec des mélodies simples mais puissantes, et intégraient des éléments de la musique traditionnelle africaine, comme les rythmes syncopés, l’improvisation, et le chant en réponse.

Ces chants spirituels servaient non seulement à exprimer la foi et l’espoir, mais également à renforcer la cohésion communautaire des esclaves. Parfois, ils contenaient des messages codés pour organiser des évasions ou des actes de résistance, comme dans le chant « Follow the Drinking Gourd », qui faisait allusion à des routes de fuite vers le Nord.

Le Negro Spiritual est devenu une partie essentielle du patrimoine culturel afro-américain, évoluant plus tard en gospel, jazz et blues, tout en restant un symbole de la résilience et de la quête de liberté des esclaves noirs aux États-Unis.

2- Le travail dans les champs de coton

Dans les champs de coton, le travail des esclaves était une réalité brutale. Le coton étant la principale culture commerciale du sud des USA, les esclaves africains étaient forcés de travailler du lever au coucher du soleil dans des conditions extrêmement difficiles. Hommes, femmes et parfois enfants, étaient soumis à une discipline sévère, surveillés de près par des contremaîtres qui utilisaient fréquemment la violence et les châtiments corporels pour les contraindre à atteindre des quotas de production. De 1790 à 1860 du à la culture du coton et plus particulièrement dans les états du sud, le nombre d’esclaves est multiplié par près de 6 passant de 697 897 à 3 953 760. Deux innovations donnent une nouvelle impulsion à la culture du coton : la révolution industrielle en Angleterre (nouvelles capacités de traitement du coton) et, l’invention de l’égreneuse à coton par Whitney en 1793. Jusqu’alors la difficulté était de séparer la fibre de la graine, opération que les esclaves réalisent à la main. Un an avant l’invention de Whitney en 1792 les États-Unis exportent 62.74 tonnes de coton ; en 1794, un an après la découverte, 726 tonnes ; en 1800, 8069.41 tonnes et en 1820, 15875.74 tonnes. 

Dans le sud profond, désormais un champ de coton est le monde et l’horizon de l’esclave. Des centaines de milliers d’esclaves sont déplacés et les familles écartelées. Le travail est épuisant, le ramassage à la main des boules de coton s’effectue en août sous un soleil accablant (Solomon Northup). Les esclaves recevaient peu de nourriture, vivaient dans des logements insalubres et n’avaient aucun droit. Ni liberté.

Malgré ces conditions, les esclaves résistaient à leur manière, par des actes de résistance passive, la préservation de leur culture et de leur identité, et des chants de travail, souvent porteurs de messages d’espoir et de liberté.

3- La religion et l’esclavagisme

L’esclavagisme et la religion ont entretenu une relation complexe, marquée par des justifications religieuses de l’esclavage ainsi que par l’utilisation de la foi comme source de résistance et d’espoir pour les esclaves.

Aux États-Unis, certains esclavagistes utilisaient la religion chrétienne pour légitimer leur pratique. Ils citaient des passages de la Bible, comme ceux sur la soumission des serviteurs à leurs maîtres, pour justifier l’asservissement des Africains. L’Église, en particulier dans le Sud, jouait parfois un rôle dans le maintien du système esclavagiste, prêchant l’obéissance et la soumission et légitimant ainsi les punitions et les souffrances.

Cependant, pour les esclaves eux-mêmes, la religion, et particulièrement le christianisme, est devenue une puissante source de réconfort et de résistance. Les esclaves se sont approprié les récits bibliques, notamment l’histoire de Moïse et de l’Exode, voyant dans la délivrance des Hébreux une métaphore de leur propre quête de liberté. Les chants spirituels (spirituals), issus de cette foi, servaient à exprimer la souffrance, l’espoir de libération, et parfois à transmettre des messages codés pour les aider à fuir.

La religion offrait aux esclaves un espace pour conserver leur humanité, se soutenir mutuellement, et résister à l’oppression, en maintenant vivante l’espoir d’une rédemption et d’une justice divine. Ainsi, bien que la religion ait été instrumentalisée pour justifier l’esclavage, elle a également été un outil d’émancipation spirituelle et de révolte intérieure pour les esclaves.

4- Témoignages sur les conditions de vie

Les témoignages d’esclaves noirs sur leur travail et leurs conditions de vie offrent des récits poignants qui révèlent l’ampleur de la souffrance et de l’injustice endurée. Ces témoignages ont souvent été recueillis après l’abolition de l’esclavage, grâce à des récits personnels ou à des programmes comme le Federal Writers’ Project des années 1930. Ils mettent en lumière les conditions de vie dégradantes, les journées de travail harassantes, la violence physique et mentale, et la déshumanisation systématique des esclaves noirs. Ils révèlent également leur résilience et leur capacité à survivre, malgré un système qui cherchait à les priver de toute dignité humaine.

1. Frederick Douglass : ancien esclave devenu abolitionniste, souligne les longues heures de travail dans les champs de coton, la faim, les sévices physiques, et le manque total de dignité et de liberté. Narrative of the Life of Frederick Douglass (1845) :

« Nous travaillions tous dans les champs, sauf les enfants trop jeunes pour tenir une houe ; chacun, homme et femme, recevait une tâche qu’il devait accomplir chaque jour. Si le quota n’était pas rempli, la punition était la flagellation. La nourriture était à peine suffisante et nous n’avions ni confort ni repos. »

2. Harriet Jacobs insiste sur la violence sexuelle à laquelle de nombreuses femmes esclaves étaient confrontées, en plus des dures conditions de travail. Elle décrit les conditions insoutenables que vivaient les esclaves, en particulier les femmes Incidents in the Life of a Slave Girl (1861) :

« Le travail dans les champs est insupportable. Les femmes doivent supporter autant que les hommes. Beaucoup de femmes sont battues, même pendant leur grossesse, ce qui cause parfois la mort de l’enfant. Les maîtres ne respectent ni la vie ni la dignité. »

3. Lewis Clarke a écrit un récit de ses expériences dans Narrative of the Sufferings of Lewis Clarke (1845). Il se souvient du quotidien difficile dans les champs et décrit également l’isolement et la privation de liberté dont souffraient les esclaves, incapables de quitter la plantation sans autorisation.

« Il n’y avait ni repos, ni jours de congé. Nous devions travailler de l’aube au crépuscule. Le maître nous réveillait avant même le lever du soleil, et nous marchions vers les champs avec nos outils. Les seules pauses que nous avions étaient pour manger un peu de maïs ou de porc, souvent insuffisants. »

4. Mary Reynolds, une ancienne esclave interviewée dans les années 1930 dans le cadre du Federal Writers’ Project, se souvient :

« Nous nous levions avant que le jour ne soit levé et nous travaillions jusqu’à la nuit. Nous avions à peine de quoi manger. Ils nous donnaient du maïs, des haricots et parfois un peu de viande. Nous dormions sur des paillasses et portions des vêtements faits de sac de toile. Nous étions battus pour chaque petite chose. »

Son témoignage met en évidence la dureté de la vie quotidienne des esclaves, les privations, ainsi que la peur constante de la violence.

5. Henry Bibb, ancien esclave devenu abolitionniste.  Bibb évoque la peur omniprésente de la punition pour ne pas avoir accompli les tâches imposées, ainsi que la déshumanisation des esclaves. Il nous fait partager son expérience dans son ouvrage Narrative of the Life and Adventures of Henry Bibb (1849) :

« J’ai vu des hommes et des femmes enchaînés et fouettés parce qu’ils ne pouvaient pas accomplir leurs tâches dans les champs. Je me souviens de la terreur que j’éprouvais chaque jour en ramassant le coton, priant de pouvoir récolter suffisamment pour éviter la punition. »

5- Joies et paix racontés par des esclaves

Malgré les souffrances et les conditions brutales, les esclaves noirs aux États-Unis parvenaient parfois à trouver des moments de joie et de paix, souvent grâce à la communauté, la spiritualité, la musique, et les moments rares de répit. Les témoignages ci-après révèlent que malgré l’extrême dureté de l’esclavage, ces instants étaient des échappatoires leur permettant de se reconnecter à leur humanité et de nourrir l’espoir d’un avenir meilleur.

1. Frederick Douglass. Dans certains passages de Narrative of the Life of Frederick Douglass (1845), Douglass souligne la force collective des chants et le sentiment de communauté qui apportait du réconfort dans les moments difficiles :

« Il y avait des moments où nous chantions tous ensemble, des chansons qui parlaient de liberté et d’espoir. C’était comme une échappatoire. […] Nos chants nous donnaient de la force pour supporter la journée. Quand nous étions ensemble, même si c’était rare, c’était une source de joie, une chance de partager nos peines et nos espoirs. »

2. Harriet Jacobs. Dans Incidents in the Life of a Slave Girl (1861), Harriet Jacobs parle de la famille et de la communauté comme source de bonheur :

« Les rares moments que je pouvais passer avec mes enfants étaient les seuls instants de vraie paix. […] Les rires des enfants, leurs sourires innocents, c’était là que je trouvais la joie, même dans cette vie d’esclavage. »

3. Mary Reynolds, ancienne esclave, a été interviewée dans les années 1930 par le Federal Writers’ Project. Elle se souvenait des moments de rassemblement et de fêtes :

« De temps en temps, nous avions des fêtes après la récolte. Nous dansions et chantions. C’était des moments où nous pouvions rire et oublier un peu la douleur. […] Les chants étaient toujours une manière de s’évader. »

4. Pour John W. Fields, la spiritualité et les réunions secrètes de prière apportaient une paix intérieure, nourrissant l’espoir de jours meilleurs. Dans une interview du Federal Writers’ Project, John W. Fields, ancien esclave, parle de la religion et de la foi comme une source de réconfort :

« Le dimanche était un jour spécial pour nous. Nous allions prier et chanter dans des réunions secrètes. Cela nous donnait une force incroyable. Nous savions que Dieu était avec nous, et c’était une source de paix. […] Ces moments de prière étaient les seuls où je pouvais sentir un vrai repos. »

5. Charles Ball. Dans Fifty Years in Chains (1859), Charles Ball raconte des moments de répit, souvent très simples mais essentiels. Il témoigne de la camaraderie entre esclaves, où le simple fait de se retrouver autour d’un feu pouvait apporter un peu de bonheur et de réconfort :

« Pendant la récolte de maïs, parfois, après une journée de travail, nous nous retrouvions tous autour d’un feu. Nous partagions nos histoires, et c’était un moment où, même si nous étions esclaves, nous pouvions rire et sourire. […] Ces petits moments avec nos frères et sœurs de couleur étaient précieux, une parenthèse dans nos vies difficiles. »

6. Henry Bibb, dans Narrative of the Life and Adventures of Henry Bibb (1849), se souvient des chants religieux comme une source de joie et de solidarité :

« Les chants étaient notre refuge. Le soir, nous chantions des hymnes religieux, et c’était comme si nos âmes s’élevaient au-delà des chaînes qui nous retenaient. […] Ces moments, nous les partagions avec nos frères et sœurs, et même si nos corps étaient brisés, notre esprit se sentait libre. »

6- Témoignages sur les souffrances

Les témoignages d’esclaves noirs sur leurs souffrances sont bouleversants et montrent la dure réalité de l’esclavage aux États-Unis. Imaginez-vous vivre en 1850 sous la loi nouvellement promue, le fugitive slave act. Cette loi permettait à un propriétaire de récupérer son esclave passé au nord et devenu libre. Elle permettait de punir les blancs qui avaient aidé un noir. Elle ouvrit la porte à la Bloodhound law, la chasse au noir avec des chiens. Voici quelques exemples qui reflètent leur douleur physique et émotionnelle:

1. Frederick Douglass. Dans son autobiographie Narrative of the Life of Frederick Douglass (1845), Douglass raconte les sévices qu’il a subis et témoigne des traitements cruels infligés aux esclaves :

« Je me suis souvent couché avec une faim dévorante. Je n’ai jamais eu assez à manger. […] Il n’y avait pas de lit pour moi ; je devais dormir sur le sol nu, avec un sac de toile comme couverture. […] Mon dos portait les cicatrices des coups de fouet que j’avais reçus. »

2. Harriet Jacobs. Dans Incidents in the Life of a Slave Girl (1861), Harriet Jacobs met en lumière les souffrances des femmes esclaves, notamment les abus sexuels et les séparations familiales :

« J’étais sans défense face à mon maître. Il me harcelait constamment et menaçait de me punir si je parlais. […] J’ai vécu des années dans la peur et la terreur, priant pour un moyen de m’échapper. […] La séparation des familles était aussi une torture insupportable. Ma grand-mère a vu tous ses enfants vendus. »

3. Solomon Northup. Dans son livre Twelve Years a Slave (1853), Solomon Northup, un homme libre capturé et réduit en esclavage, raconte les cruautés auxquelles il a été confronté :

« Ils m’ont lié avec des cordes et m’ont battu jusqu’à ce que je perde connaissance. Je n’avais aucun espoir. […] J’ai été forcé de travailler dans les champs, avec la crainte constante du fouet qui me menaçait si je ralentissais ou ne remplissais pas mon quota de coton. […] La douleur du fouet et le désespoir m’accompagnaient chaque jour. »

4. Mary Prince. Son récit illustre la brutalité physique à laquelle les esclaves étaient soumis, et l’humiliation dégradante qui accompagnait ces actes de violence. Esclave originaire des Caraïbes, elle a écrit son récit dans The History of Mary Prince (1831), où elle décrit la violence quotidienne qu’elle a subie :

« Ils me battaient si violemment que mes épaules et mon dos étaient ouverts et en sang. […] J’ai été battue jusqu’à ce que je ne puisse plus marcher. […] Nous n’avions pas de répit, pas de temps pour guérir. La douleur physique était insupportable, mais ce qui était pire, c’était l’humiliation constante. »

5. Henry Bibb. Dans son autobiographie Narrative of the Life and Adventures of Henry Bibb (1849), Bibb raconte les terribles punitions infligées pour la moindre désobéissance. Il met en lumière la douleur à la fois physique et psychologique, soulignant le traumatisme durable causé par l’esclavage :

« J’ai été fouetté avec une telle violence que je pouvais sentir chaque coup comme un feu brûlant ma chair. Je saignais abondamment, et mes blessures mettaient des semaines à guérir. […] La douleur physique était terrible, mais la souffrance mentale, le sentiment de ne jamais être libre, était encore plus accablant. »

6. Charles Ball. Dans Fifty Years in Chains (1859), Charles Ball décrit les épreuves physiques qu’il a traversées. Il dépeint les souffrances endurées sous des conditions de travail exténuantes, combinées à la menace constante de violences :

« Nous étions forcés de travailler de l’aube jusqu’à la nuit tombée, sans aucune pause, sous le soleil brûlant. Si nous ralentissions, le contremaître nous battait avec une lanière de cuir. J’ai vu des hommes et des femmes tomber sous la chaleur et être battus pour ne pas pouvoir continuer. »

Ces témoignages révèlent les souffrances extrêmes des esclaves, tant physiques qu’émotionnelles. La violence, l’humiliation, la faim, la séparation familiale et la peur constante de la punition définissaient leur existence. Malgré ces épreuves, ces récits témoignent également de la résilience des esclaves et de leur désir profond de liberté.

7- Le marron : un acte de résistance parmi d’autres

Les esclaves marrons étaient des esclaves africains qui fuyaient les plantations dans les colonies esclavagistes d’Amérique et des Caraïbes pour retrouver leur liberté. Le terme « marron » vient de l’espagnol cimarrón, signifiant « fugitif ». Ils s’installaient généralement dans des régions reculées et difficiles d’accès, comme les montagnes, les forêts ou les marécages, pour échapper à la capture.

Les conditions de vie extrêmement dures des esclaves dans les plantations, caractérisées par de longues journées de travail, la violence et le manque de droits, les poussaient à s’enfuir. Ces communautés marronnes se sont formées dès les débuts de la traite négrière au 16ᵉ siècle.

Les marrons formaient des communautés autonomes et souvent bien organisées, vivant de chasse, de pêche, de cultures vivrières ou de pillages occasionnels. Ils recréaient des structures sociales africaines, et leurs sociétés mélangeaient souvent des traditions issues de diverses ethnies africaines, tout en intégrant parfois des éléments des cultures autochtones ou européennes.

Les marrons ont souvent joué un rôle important dans la résistance à l’esclavage. Ils menaient des attaques contre les plantations, libéraient d’autres esclaves, et participaient à des révoltes. Dans certains cas, ils concluaient des accords avec les autorités coloniales, obtenant des territoires en échange de leur engagement à ne plus accueillir de fugitifs ou à participer à la répression des révoltes d’esclaves.

Exemples de communautés marronnes :

Les marrons de Jamaïque : menés par des figures comme Nanny, ils ont résisté aux colons britanniques et négocié leur indépendance après des décennies de conflit. Nanny fut une légendaire cheffe des marrons de la Jamaïque. Ces communautés étaient formées par les populations autochtones Tainos et Arawaks. https://memoire-esclavage.org/biographies/nanny#:~:text=Nanny

Les marrons du Suriname : connus pour leur culture résiliente et leur résistance active, ils ont constitué des communautés autonomes qui existent encore aujourd’hui. https://www.musee-aquitaine-bordeaux.fr/fr/esclavage/trois-negres-marrons-surinam et https://www.rfi.fr/fr/podcasts/grand-reportage/20221003-les-marrons-du-suriname-des-peuples-en-lutte

Les marrons en Haïti : ils ont joué un rôle crucial dans la Révolution haïtienne, qui a conduit à l’abolition de l’esclavage et à l’indépendance de Haïti en 1804. https://www.erudit.org/fr/revues/ethno/2006-v28-n1-ethno1446/014155ar/ et https://ayibopost.com/lhistoire-controversee-du-marron-inconnu/

Les marrons sont considérés comme des symboles de résistance contre l’oppression et l’esclavage. Leurs descendants perpétuent souvent des traditions uniques, et leur histoire est célébrée dans plusieurs régions du monde, notamment en Haïti, au Suriname et en Jamaïque.

Grenouilleau, O. (2022). Chapitre IX. Résistances des esclaves et fin des sociétés esclavagistes in Qu’est-ce que l’esclavage ? Une histoire globale. Gallimard. pp. 363-397

8- Nantes et le commerce triangulaire

Nantes a joué un rôle majeur dans le commerce triangulaire. Du 17e au 19e siècle port principal de ce commerce en France, Nantes organisait la traite négrière reliant trois continents : l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Les navires partaient de Nantes chargés de produits manufacturés (armes, tissus, alcool) à destination de l’Afrique. Là, ces marchandises étaient échangées contre des esclaves africains. Les esclaves étaient ensuite transportés dans des conditions inhumaines vers les colonies d’Amérique et des Caraïbes, où ils étaient vendus pour travailler dans les plantations de sucre, de café ou de coton. Enfin, les bateaux revenaient à Nantes avec des produits coloniaux (sucre, cacao, tabac), bouclant ainsi le « commerce triangulaire ».

Cette activité a considérablement enrichi Nantes, en faisant un port prospère au 18e siècle. Aujourd’hui, la ville reconnaît cet héritage sombre et s’efforce de le commémorer à travers des monuments et des initiatives, notamment le Mémorial de l’abolition de l’esclavage inauguré en 2012.

9- L’esclavagisme aux États-Unis

L’esclavagisme aux États-Unis a profondément marqué l’histoire du pays. Il a débuté avec l’arrivée des premiers esclaves africains en Virginie en 1619. Ce système économique reposait sur l’exploitation forcée des Africains pour cultiver le coton, le tabac et d’autres produits agricoles (concentré dans le Sud). Les esclaves étaient soumis à des conditions inhumaines, privés de droits, et considérés comme des biens.

L’esclavage a progressivement suscité des tensions au sein de la société américaine, notamment entre le Nord, où il était moins répandu, et le Sud, où il constituait la base de l’économie. Ces tensions ont contribué à la guerre de Sécession (1861-1865). À la suite de la guerre, l’esclavage a été officiellement aboli avec le 13e amendement de la Constitution en 1865.

Cependant, même après l’abolition, les Afro-Américains ont continué de subir des discriminations systématiques, notamment à travers les lois ségrégationnistes (Lois Jim Crow) et le racisme persistant, retardant leur pleine intégration dans la société américaine. L’esclavage reste aujourd’hui un chapitre sombre et indélébile de l’histoire des États-Unis.

L’esclavage aux États-Unis a atteint un sommet au milieu du 19e siècle, juste avant la guerre civile. En 1860, au moment du dernier recensement avant l’abolition de l’esclavage, il y avait environ 3,95 millions d’esclaves afro-américains dans le pays. Ces esclaves représentaient environ 12,6 % de la population totale américaine, qui était alors d’environ 31,4 millions d’habitants. Ces chiffres sont issus du recensement américain de 1860, qui fournit des statistiques précises sur la population esclave juste avant la guerre de Sécession et l’adoption du 13e amendement qui a aboli l’esclavage en 1865.

10- Bibliographie :

Pour écrire ces quelques paragraphes qui ne peuvent résumer tant de vies et d’émotions nous nous sommes servis des ouvrages et des sites suivants :

Chenu, B. (200). Le grand livre des Negro Spirituals. Bayard.

Clarke, L. (1999). Narrative of the Sufferings of Lewis Clarke, During a Captivity of More Than Twenty-Five Years, Among the Algerines of Kentucky, One of the So Called Christian States of America. Dictated by Himself. 1812-1897. https://docsouth.unc.edu/neh/clarke/clarke.html

Douglass, F. (1999). Narrative of the Life of Frederick Douglass, an American Slave. Written by Himself.1818-1895. https://docsouth.unc.edu/neh/douglass/douglass.html

Grenouilleau, O. (2021). Christianisme et esclavage. Gallimard.

Grenouilleau, O. (2021). Mémoires d’un négrier : Joseph Mosneron Dupin,1748-1833. Éditions du Cerf.

Grenouilleau, O. (2022). Qu’est-ce que l’esclavage ? Une histoire globale. Gallimard.

Jacobs, H. (2003). Incidents in the Life of a Slave Girl. Written by Herself. 1813-1897. https://docsouth.unc.edu/fpn/jacobs/jacobs.html#jac299 Voir aussi Wikipedia https://en.wikipedia.org/wiki/Incidents_in_the_Life_of_a_Slave_Girl

Michon, B. (2011). Le port de Nantes au XVIIIe siècle. PUR. https://doi.org/10.4000/books.pur.121800. Bibliographie https://books.openedition.org/pur/121989?lang=fr#anchor-toc-1-7

11- Webographie :

https://www.lipe-europe.eu/document/11-histoire-esclavages-traite-negriere-nantes-armateurs-nantais/

https://www.chateaunantes.fr/expositions/labime/

https://www.chateaunantes.fr/thematiques/la-traite-atlantique-et-l-esclavage/

https://lettres-histoire-geographie.dis.ac-guyane.fr/Nantes-dans-la-traite-negriere-atlantique.html

https://memorial.nantes.fr/le-memorial-dans-la-ville/le-musee-d-histoire/

https://histoire-image.org/recherche?keys=esclavage

Fondation pour la mémoire de l’esclavage : https://memoire-esclavage.org/biographies

North American Slave Narratives collects books and articles : https://docsouth.unc.edu/neh/

Crédit Photos : Mathias Desmars